Les derniers habitants des takyiènta
.
Nationale n°1, le goudron traverse le Togo du Sud au Nord. Départ à l’aube pour un trajet monotone jusqu’à la ville de Sokodé, le temps d’une brève étape avant d’aborder un interminable passage montagneux. Slalom entre les camions titans surchargés et à bout de souffle, certains ont rendu l’âme et semblent abandonnés, d’autres gisent dans les ravins. L’adrénaline monte. L’arrivée à Kara est ressentie comme un soulagement. Le jour commence à baisser, nous traçons jusqu’à Kandé dans un paysage de savane arborée. Kandé ville dépouillée, nous y effectuons une ultime étape dans une station-service pour voyageurs vers nulle part. Nous abandonnons le goudron pour aborder une piste vite chaotique. La nuit est maintenant profonde, sans lune. Seuls les faibles phares du véhicule fatigué nous annoncent parfois tardivement de profondes ornières. De temps en temps, des enfants surgissent et nous saluent sur le bord de la piste. Un pont improbable passe au dessus d’une rivière, c’est la Kéran. Son franchissement marque l’entrée en territoire tamberma. Notre voyage touche à son but. Nous apercevons, balayées par nos phares, les premières maisons, étranges silhouettes élancées. Le chemin devient plus étroit, les habitations plus nombreuses bien que dispersées, rien n’indique que nous sommes arrivés à Warengo.